Vous l’avez sûrement remarqué, les corgis se distinguent par leur petit arrière-train bombé ! La tendance du « corgi butt», fin des années 2010, a d’ailleurs propulsé ces petites boules de poil sous le feu des projecteurs. Cependant si le booty de notre canidé gallois préféré fait consensus, la longueur de son extrémité est source de débat.
Chez les fans de ce chien court sur patte, il existe deux teams : corgi à queue courte vs corgi à queue longue ! Mais savez-vous exactement d’où vient cette différence ? Préparez-vous à être quelque peu interloqué… On vous explique tout, ci-dessous.
Sommaire
Pourquoi certains corgis ont-ils la queue courte ?
Histoire de la caudectomie chez le corgi
Avant toute chose, sachez que les corgis naissent dans la majorité des cas avec une queue longue. Les deux principales races ont tout de même une différence notable :
- Le Welsh Corgi Cardigan possède une queue touffue, ressemblant un peu à celle d’un renard.
- Quant au Pembroke, il est doué d’une extrémité légèrement plus petite, moins dense !
Mais alors pourquoi trouve-t-on des corgis avec un organe postérieur quasiment invisible ? Pour comprendre cela, il est nécessaire de s’intéresser à l’histoire de nos amis courts sur pattes.
Les chiens préférés de la reine d’Angleterre sont originaires du Pays de Galles. Ils étaient initialement utilisés comme gardiens de troupeaux… On peut dire que nos toutous royaux avaient des ancêtres qui ne chômaient pas !
À l’époque, on réalisait souvent une caudectomie sur ce type de chiens, pour des raisons pratiques. L’objectif était d’empêcher le bétail de marcher sur la queue des canidés et d’éviter que les chiens de chasse ne s’écorchent pendant leurs sorties dans la brousse.
Les races évoluant en meute ont également tendance à se mordre les extrémités et les blessures engendrées entraînent une cicatrisation difficile. Cette opération était donc courante dans le passé et pratiquée sur plusieurs types de chiens de travail comme l’épagneul breton ou encore le boxer.
Influence des pratiques d’élevage
Aujourd’hui, l’écourtage de la queue chez les corgis est principalement motivé par des raisons esthétiques, en particulier pour se conformer aux standards de race établis par des organismes tels que l’American Kennel Club (AKC) aux États-Unis. Une queue courte est une caractéristique attendue pour le Pembroke Welsh Corgi. Les pratiques d’élevage actuelles sont donc fortement influencées par ces règles.
Lors des concours de beauté et des expositions canines, la conformité aux standards de race est rigoureusement évaluée. Cela inclut la longueur de la queue qui ne devrait pas dépasser 5 cm chez le Pembroke selon les standards du AKC…
La coupe de cet organe, bien que moins courante de nos jours, reste très controversée et soulève de nombreuses questions éthiques : qu’en est-il du bien-être de l’animal ? Est-il nécessaire d’effectuer un tel acte pour des raisons purement esthétiques ?
Gènes et anomalies congénitales
L’exception du Pembroke à queue naturellement courte
Il arrive cependant que certains chiots Pembroke porteurs d’un gène particulier naissent naturellement avec une queue courte. Une étude scientifique menée par le professeur Lingaas, démontre l’existence d’un gène dominant – surnommé « bobtail» – responsable de cette caractéristique.
En Norvège, la caudectomie est bannie depuis 1988, et cela a conduit les éleveurs norvégiens à privilégier les corgis bobtails. Aujourd’hui, le royaume des saumons et des trolls est aussi celui des corgis à queue courte naturelle ! Environ 60 % de ces toutous courts sur pattes y naissent avec cette particularité, sans impact négatif sur leur santé.
Le taux de bobtails est maintenant assez large pour éviter les problèmes de consanguinité. Il n’y a donc aucun risque pour un chiot issu de deux parents porteurs de ce gène.
Si les corgis à queue naturellement courte existent bel et bien, ils restent cependant une exception. En plus, même si un corgi bobtail ne bénéficie pas du panache classique, il peut tout de même être considéré trop long selon les standards esthétiques… Un chiot de ce type n’est donc pas à l’abri d’un écourtage.
Explications sur la génétique des corgis bobtails
Une étude norvégienne a suivi la transmission héréditaire de cette particularité. Voyez donc les résultats :
- Lorsque les deux parents sont bobtails, il y aura 33 % de chances que le chiot ait une longue queue, et 67 % de chance qu’il soit bobtail.
- Lorsqu’un parent a une queue longue et un parent est bobtail, il y aura 50 % de chances que le chiot soit bobtail.
- Lorsque les deux parents ont une queue naturellement longue, il y aura 100 % de chances que les chiots naissent avec la même caractéristique.
Après fécondation, si l’ovule hérite de deux gènes bobtails, il est naturellement éliminé, ce qui réduit la taille de la portée d’environ 25 %. Ce gène est donc létal lorsqu’il est présent en double exemplaire. Cependant, cela ne présente pas de risque car l’embryon est rejeté avant de pouvoir se développer.
Par le passé, certains chercheurs ont émis l’hypothèse selon laquelle cette caractéristique héréditaire était susceptible d’engendrer une malformation vertébrale chez nos petits compagnons. Cependant, il a été démontré que ce gène n’avait finalement pas d’incidence : les petits bobtails naissent donc en aussi bonne santé que leurs cousins à queue longue !
Impact de la queue courte sur la santé et le comportement du chien
Problèmes de santé potentiels chez les corgis à queue courte
La souffrance du chiot lors de la caudectomie
L’écourtage de cet organe est souvent réalisé sans anesthésie, parfois illégalement, chez les chiots âgés de moins de cinq jours. On pourrait alors penser que les petits canidés ressentent peu de douleurs, mais une étude australienne a démontré le contraire.
En 1996, des chercheurs ont analysé le comportement de 50 chiots – appartenant à des races dont la queue est traditionnellement coupée – lors de la procédure. L’étude a révélé que les jeunes chiens ressentaient un stress intense avant l’opération, lors de la phase de préparation. Ils exprimaient ensuite leur douleur par des hurlements et des gémissements tout au long de la procédure…
Les symptômes de souffrance persistaient pendant plus de deux minutes après la coupe, et les chiots mettaient jusqu’à un quart d’heure avant de commencer à se calmer et à s’endormir. Ces mesures prouvent que les chiots ressentent bel et bien une douleur lors de cette pratique.
Les conséquences de l’écourtage sur la santé du corgi
De plus, il existe un risque significatif d’infection de la plaie post-opératoire. Le moignon amputé peut présenter un épaississement appelé « névrome » qui provoque des douleurs et une hypersensibilité de cette zone chez le toutou.
Des comportements inhabituels ont également été observés chez certains chiens, par exemple le mordillement de leur propre queue. Cette attitude pourrait indiquer des syndromes neuropathiques.
Enfin, rappelons qu’une caudectomie mal réalisée peut entraîner de graves complications pour le chien. Cela peut aller de douleurs chroniques au niveau du dos à une paralysie totale…
Communication canine
La queue comme moyen de communication
L’amputation de ce membre a également des conséquences sur la vie sociale des chiens. Nos amis les canidés utilisent leur queue pour communiquer, c’est un véritable outil d’intégration sociale !
Un toutou avec une queue coupée part donc avec un handicap, car il aura plus de difficulté à s’exprimer et à se faire comprendre par ses compères. Cela va sans dire que l’équilibre mental de nos petits compagnons s’en retrouve complètement perturbés.
L’expérience du Labrador robot
Les chercheurs Steven Leaver et Tom Reimchen de l’Université de Victoria ont mené une expérience particulièrement intéressante pour confirmer cette hypothèse. Pour cela, ils ont utilisé… Un chien robot ! Ce dispositif, ressemblant à un Labrador Retriever, avait une queue longue de 30 cm ou un moignon de 9 cm, tous deux contrôlables à distance.
Lorsque le robot remuait l’extension longue, les autres chiens approchaient de manière joueuse, mais l’évitaient lorsqu’elle était immobile et dressée. Avec le moignon, les canidés approchaient prudemment, peu importe le mouvement, comme s’ils ne pouvaient déterminer si le robot était amical ou hostile.
D’autres études ont été réalisées impliquant l’observation des comportements sociaux des chiens. Elles ont toutes mené à la même conclusion : la caudectomie peut conduire à de gros malentendus entre les canidés, voire des comportements agressifs. Nos fidèles compagnons ayant subi ce type d’opération seront donc désavantagés lors des interactions sociales.
Écourtage de la queue chez le Welsh Corgi : éthique et légalité
À l’ère où la société commence (enfin) à se préoccuper du bien-être animal, l’ablation de cet organe, si important pour nos petits compagnons, a-t-elle toujours sa place dans notre monde ? Les standards esthétiques, dépendant du jugement subjectif des êtres humains, suffisent-ils à justifier cette procédure ?
Tous ces facteurs de souffrance chez le meilleur ami de l’homme ont interpellé l’Union européenne. La convention européenne pour la protection des animaux de compagnie établit l’interdiction de la caudectomie pour raisons non médicales – ou alors de manière strictement réglementée – depuis 1987.
La France, bien qu’ayant ratifié ce traité, a émis une réserve sur l’article concernant la procédure en question. Le pays des « Lumières » a donc maintenu le droit de pratiquer l’ablation de la queue pour raisons esthétiques, selon une procédure stricte. Pour éviter que les tissus nerveux ne soient entièrement développés – ce qui provoquerait une souffrance encore plus importante – l’opération devra être obligatoirement réalisée par un vétérinaire dans les 5 jours suivant la naissance du chiot.
Voilà, vous savez tout, ou presque ! Si vous êtes sur le point d’adopter un corgi Pembroke, on vous conseille de bien vous renseigner sur les pratiques des élevages pour savoir si la queue courte est naturelle ou non… Et en attendant de sauter le pas, vous pouvez continuer à vous renseigner sur les particularités de notre petit canidé royal préféré. 😉
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